Les Mémoires du P. Alois

Un jour lors d’un pèlerinage diocésain, Mgr Joseph Djida dans son habitude de faire des petites blagues remarquait : « Le P. Alois a parcouru beaucoup du sanctuaire dans le monde pour découvrir ce qu' est un sanctuaire ».

Autour de notre paroisse St Blaise à Bichelsée nous avons grandit dans l’ambiance des petits sanctuaires locaux. Enfants, nous participions aux processions rogatoires vers ses sanctuaires pour implorer l’énergie d’en haut pour nos travaux champêtres et autres préoccupations.

Plus tard dans les groupes de jeunesse chrétienne, c’était des pèlerinages nocturnes vers un sanctuaire pour aborder en route un thème de l’éducation spirituelle et chrétienne.

Pour nous cultiver, nous fréquentions la bibliothèque paroissiale qui comptait dans ses rayons beaucoup de livres et romans d’aventure, des biographies des saints, des histoires sur la mission et des conquêtes spirituelles.

Le souffle d’un monde à rêver était continuellement alimenté par les visites en congés des 50 prêtres, missionnaires, religieuses et frères de notre petite paroisse de 600 âmes. Avec des conférences accompagnées des images des bandes magnétiques, nous avons les dimanches après midi gouté la mondialisions avant la mondialisation

 l’Ecole Agricole des Bénédictins et plus tard au collège des vocations tardives des Pallottins de Lucerne était souvent au programme un pèlerinage nocturne de quelques heures au Sanctuaire millénaire et national d’Einsiedeln. Einsiedeln veut dire l’Ermitage dans la forêt dense, ou grâce au premier ermite du nom Meinrad se développait plus tard un sanctuaire marial, le fameux « sanctuaire dans le sanctuaire », car plus tard les Bénédictins construisaient une basilique baroque incorporant le sanctuaire original.

Ce couvent comptait aussi une multitude d' ateliers professionnels tenus par des Frères et un collège avec internat tenu par les pères bénédictins, où j’ai obtenu d’ailleurs aussi mon bac, pour aller à l’université pour les études théologiques.

Depuis Einsiedeln dans une marche nocturne de 12 heures nous faisions le pèlerinage au Flueli Ranft ou vivait « Frère Nicolas » au 16 siècle, patron de la Suisse comme ermite, après avoir renoncé à tous ses tâches comme chef de canton, colonel de l’armée et juge cantonal, et aussi à sa tâche de père de famille de 10 enfants, avec le consentement de sa femme Dorothée.

Pour « fêter » notre bac en 1969 nous avons loué une vieille voiture pour visiter de nombreux pays derrière le Rideau de fer au coeur du Communisme. Les églises et sanctuaires orthodoxes en plein « confinement du communisme » étaient devenus des musées ou comme en Russie des usines ou boucheries.

Par rapport à l’Eglise catholique les Orthodoxes louchent vers l’état avec le risque de devenir des sujets des dictateurs. Voilà un avertissement pour nos églises et sanctuaires. Après le bac j’avais la chance de faire les études à la faculté de théologie de l’université de Münster en Westphalie en Allemagne la région d’origine de Mgr Henri Vieter, évêque fondateur de l’Eglise catholique au Cameroun et promoteur de notre Sanctuaire Notre Dame des Apôtres. A Münster l’Institut séculier des Pères de Schoenstatt, issus des Pallottins entretenaient le Kentenich-Collège un foyer international pour leurs vocations. Inutile de dire que le haut niveau de nos professeurs de théologie, souvent Pères du Concile Vatican II et la Spiritualité mariale du Mouvement international de Schönstatt ont attisé en nous un Esprit de Pentecôte. Je faisais partie d’un « cercle de l’Est », un groupe qui rêvait de pénètre le Communisme par la levure de l’évangile. Tout le temps j‘étais en « mission » un peu comme St Paul pour entretenir la liaison avec les chrétiens, séminaristes, membres et communautés du Mouvement de Schönstatt séparés par le Rideau de Fer. Naturellement les harcèlements de la police secrète, des « visitations corporelles » (déshabillement complète), des nuits aux postes de police ne manquaient pas. Mais non plus des campements de vacances, randonnées avec des séminaristes, des premières Messes de nouveaux ordonnés, où on découvrait le bon côté de la vie communiste, souvent plus évangélique que dans notre concept spirituel et universitaire. Il faut avoir participé trois fois au pèlerinage de 200 Km durant 10 jours avec 15 000 personnes de Varsovie à Czestochowa, le sanctuaire national polonais avec la Vierge qui a le visage défiguré par les traces des couteaux, symbole pour le peuple blessé par le nationalisme social et ensuite par la mafia communiste. En 1965 j’ai fait mon premier pèlerinage en autostop en Israël en traversant des pays comme l’Italie, Yougoslavie, la Grèce, Turquie, Syrie et Palestine. C’est là où j’ai découvert la Bible et où la « vérité immuable de l’Eglise catholique » s’est ébranlé en moi, et le Royaume de Dieu a pris ses contours à travers les vrais amis de Dieu et mes amis d’autres religions. Qui était accueilli dans un monastère islamique, sauf moi avec mon sac à dos. Quand je suis arrivée en 1969 au poste de frontière à Léré entre le Cameroun et le Tchad, après ma première traversée de la Sahara, la police m’a taponné mon passeport. Quant j’ai continué ma route on m’appelle de revenir au poste de police en disant, qu’ils doutent de mon identité, car un prêtre vient en voiture et accompagné des confrères sur place, et pas tout seul comme un globe-trotter. Oui j’avais loupé l’avion à Bruxelles, et cela m’obligeait de prendre la route du désert ensablé, et réaliser un vieux souhait de marcher sur les traces de Charles de Foucauld, découvrir le sanctuaire de son Ermitage à Tamanrasset et plus tard pouvoir demeurer sur le mont Assekrem à 3000 m le lieu de ses rencontres intimes avec Dieu. Et cela me procurait l’unique occasion d’être accueilli par la communauté des moines trappistes de TIBHIRINE au monastère Notre Dame d’Atlas en Algérie, avec leur « théologie de la compagnionage » avec d’autres « frères » en route vers le Royaume de Dieu. A chaque passage chez eux ils m’intégraient dans leur vie conventuelle jusque à leur mort martyre en 1996. Ils n’avaient que une préoccupation, de m’accompagner dans ma mission Tchad-Cameroun. Et maintenant ils sont en moi et moi en eux. Pendant mes 32 ans ma vie missionnaire au Tchad se déroulait par conséquence comme un pèlerinage pour découvrir ce qui est saint dans la religion traditionnelle : les lieux saints des airs sacrificiels, les sacrifices des chefs de terre, les célébrations de naissance, des rites de passage, de mariage, de pardonn de péché, de la mort, etc. Nous avons compris que rien du monde « païen » est à abandonner, mais plus tôt à évangéliser. Pour cela un sanctuaire, ou une paroisse sanctuaire doit être ouvert, et n’a pas à copier une paroisse existante. Notre défi est aussi l’ouverture pour le monde moderne et numérique, eh bien encore à évangéliser.

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